Conséquences d’une action en rescision sur le droit de propriété de l’acquéreur :
Une société de construction a entrepris d’acquérir diverses parcelles dans le but de réaliser un vaste projet immobilier. Elle sollicite à cette fin deux particuliers qui s’engagent, par le biais de deux promesses unilatérales de vente, à céder leurs biens respectifs. Après avoir levé les options, l’acquéreur s’est ensuite heurté au refus des vendeurs de procéder à la réitération de la vente par acte authentique. Contestant le prix des parcelles, ces derniers ont, en outre, décidé d’assigner l’acheteur en rescision de la vente pour lésion. À la suite de cela, deux jugements sont venus confirmer la validité des opérations en condamnant la société à payer le prix des biens vendus. Accueillant l’action en rescision pour lésion des vendeurs, un arrêt a confirmé le jugement validant la vente de la seconde parcelle. L’acquéreur a alors assigné les vendeurs en indemnisation des préjudices résultant de l’inexécution des promesses unilatérales de vente. Il leur reprochait plus précisément leurs refus de réitérer la vente. Les juges du fond (Aix-en-Provence, 8 juill. 2010) ont refusé d’accéder à cette demande. Tout en reconnaissant le manquement des défendeurs à leurs obligations nées des promesses de vente de réitérer la cession, ils ont, dans le même temps, considéré que la volonté des vendeurs de solliciter la rescision du contrat pour lésion les aurait, en tout état de cause, contraints à patienter jusqu’à l’issue des procédures avant d’entreprendre les travaux. La cour d’appel a ainsi estimé que le demandeur n’apportait pas la preuve d’une faute des vendeurs susceptible de fonder l’action en réparation. En estimant que « l’action en rescision pour lésion ne remet pas en cause, par elle-même, le droit de propriété de l’acquéreur », le juge du droit casse l’arrêt d’appel au visa des articles 1583, 1674 et 1681 du Code civil. La Haute juridiction reproche aux juges du fond d’avoir négligé le droit de propriété de l’acheteur en se basant uniquement sur l’action en rescision que les vendeurs envisageaient d’introduire.